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Mme  Dourzen balbutia :

— Il… il n’est pas aimable… pas aimable du tout. C’est un orgueilleux… un grand orgueilleux…

— Dame, il a le droit de l’être ! Il n’est pas le premier venu, bien loin de là !… Quelle allure, dans ce costume !

— Ah ! si j’avais seulement la moitié des admirables joyaux qu’il porte sur lui ! soupira Rose.

La fête, maintenant, continuait dans les jardins. Ceux-ci étaient éclairés en certaines parties de façon féerique ; d’autres restaient dans une discrète pénombre, argentée par les reflets de la lune qui se dégageait des nuages dont elle était quelque peu voilée au début de la soirée. Dans des bosquets, sous des charmilles épaisses, des orchestres de musiciens hindous, javanais, se faisaient entendre. Il y avait grand rassemblement — à distance respectable — autour d’un charmeur de serpents, un indigène du Bengale, sec et brun, dont la petite flûte susurrait des airs tour à tour plaintifs et vifs. Sur un théâtre dressé non loin de l’orangerie jouaient des mimes japonais. Et, pour accentuer la couleur locale, on entendait de temps à autre le rugissement du tigre qu’Ivor de Penanscoët emmenait dans tous ses séjours, et dont on logeait la cage dans les ruines de l’ancien château fort.

Dougual se promenait au milieu de ses invités, adressant quelques mots à l’un ou à l’au-