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livre. Vers la fin, j’ai vu qu’il y avait une fort curieuse étude sur Bornéo, Java et les îles de la Malaisie. Tu me liras cela demain.

— Bornéo, c’est là que le comte de Penanscoët est rajah, n’est-ce pas ?

— Oui. Il a associé son fils à sa souveraineté, paraît-il. Là-bas, on a découvert des mines fabuleuses ; dans les forêts se trouvent les essences les plus rares. Aussi la fortune de ces Penanscoët est-elle incalculable. Singulières gens ! Et mystérieux, vraiment ! Ils mènent pendant plusieurs mois l’existence la plus mondaine à Londres, à Paris ou ailleurs, puis ils disparaissent pendant d’autres mois. Sans doute, alors, vont-ils exercer leur souveraineté là-bas, dans ce Pavala où ils ne reçoivent pas d’Européens, où, assure-t-on, ils mènent l’existence de petits despotes asiatiques. On dirait, d’autres que ceux-là, qu’ils sont des aventuriers. Mais le mot s’applique mal à Ivor de Penanscoët, qui a gardé son air grand seigneur — et encore moins à son fils, pour si peu que je le connaisse.

— Vous n’êtes jamais allée chez eux, n’est-ce pas, mademoiselle ?

— Non, ma petite. Ils n’ont jamais pensé à moi, et ce n’est pas cette bonne Blanche qui m’aurait rappelée à leur souvenir.

Un petit rire moqueur ponctua la phrase.

— … Mais je ne me souciais guère d’entrer en relation avec de si grands personnages, qui auraient considéré avec dédain cette cou-