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trouvait Laurette Dourzen, laquelle se faisait remarquer par son verbe haut et ses allures désinvoltes. Elle avait un petit visage chiffonné, des yeux noirs fureteurs et faux, qui jetèrent au passage un coup d’œil mauvais sur Gwen.

— Elle est tout de même fameusement jolie, cette Sophie ! dit Armelle de Parnacé, une blonde boulotte de mine agréable.

Laurette leva ses maigres épaules.

— Jolie ! Peuh ! Et puis, à quoi ça lui servira-t-il ? À tourner mal, comme sa mère !

— Elle paraît cependant très réservée, très sérieuse.

— Parce que maman la tient sévèrement. Mais dès qu’elle sera libre, à sa majorité, vous verrez… vous verrez !

Une ombre couvrait le regard de Gwen, tandis qu’elle continuait sa route vers Coatbez. La rencontre de Laurette éveillait plus fortement le souvenir de tout ce que lui avaient fait souffrir les filles de Mme  Dourzen et la cadette surtout, dont la nature rappelait si bien celle de Blanche. Puis la vue de ces jeunes personnes heureuses, gaies, qui avaient un foyer, une famille, rouvrait la secrète blessure de son cœur affamé d’affection.

Quand elle entra dans le vestibule de Coatbez, Rose parut au seuil d’une porte, en l’apostrophant aigrement :

— Quel temps pour faire cette commission ! Où avez-vous été traîner, paresseuse ?