Page:Delly - L'orpheline de Ti-Carrec, 1981.pdf/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

teinte, passaient quelques boucles de cheveux d’une admirable nuance blonde aux reflets d’or roux.

Il y avait, sur ce jeune visage aux lignes pures, une expression d’ardeur concentrée. Les belles lèvres d’un charmant dessin, d’une chaude couleur de pourpre, se serraient nerveusement. Gwen tenait ses paupières baissées, tandis qu’elle disait en son cœur : « Mon Dieu, permettez que je sache comment ma pauvre maman est morte, pour dire à tous qu’elle ne s’est pas tuée. »

C’était la supplication que, chaque jour, Gwen adressait au Seigneur. Car Mme Dourzen ne cessait, dès qu’elle en trouvait l’occasion, de répéter sa téméraire affirmation au sujet de cette mort restée mystérieuse. Et elle avait d’autant mieux réussi à persuader les gens du pays que le recteur de Lesmélenc, qui avait défendu la mémoire de Varvara, occupait depuis près de dix ans un poste dans une paroisse de Quimper.

Combien de fois aussi avait-elle dit à Gwen, quand celle-ci la regardait avec cet air de farouche dédain qui l’exaspérait :

— Ah ! je te conseille de faire la fière !… Avec la mère que tu avais ! Une femme qui s’est tuée, pour quelque inavouable raison ! Une ancienne cabotine, qui avait fait les cent coups !

Car elle savait qu’en parlant ainsi de Var-