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Gwen, rentrée sans encombre à Coatbez, dormit peu le reste de la nuit. La simple promenade au clair de lune dans le parc de Kermazenc lui avait réservé des surprises et des émotions inattendues. Son vœu secret venait d’être exaucé : la belle princesse hindoue lui était apparue dans un rayon de lune. Et, en outre, elle avait vu le prince charmant, en un décor de conte oriental, avec une jolie princesse à ses pieds. Elle n’éprouvait donc aucun regret de son escapade nocturne, qui s’était bien terminée, grâce à l’indulgence de Mme  de Penanscoët. Celle-ci, de prime abord, lui plaisait beaucoup mieux que son mari, si celui-ci était bien le personnage que Gwen avait vu sortir ce matin du parc. Et comme elle était belle !… D’une beauté un peu étrange, un peu sombre. Mais cela convenait tout à fait au cadre, le vieux parc mi-breton, mi-exotique, plus mystérieux que jamais dans cette nuit traversée des quelques reflets de blanche lumière qui pouvaient s’insinuer entre les frondaisons épaisses de ces arbres magnifiques, dont beau coup avaient plusieurs siècles.

« Oh ! non, non, je ne regrette rien ! » se répéta encore Gwen quand, s’éveillant au matin d’un court sommeil, elle sentit ses paupières lourdes, ses tempes un peu battantes.

Car pendant ses longues heures solitaires à la lingerie, elle allait, pendant bien des jours, s’enchanter au souvenir de ces féeriques visions nocturnes.