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quatre ans auparavant, reconnaissait le jeune vicomte de Penanscoët. Elle attachait des yeux émerveillés sur ce tableau imprévu, qui lui semblait un épisode des contes de fées chers à son imagination. Dans un cadre de richesse orientale, un Prince charmant, une belle princesse dont les bras, les chevilles, le cou, s’ornaient de cercles d’or et de gemmes éblouissantes… Puis cette douce, délicieuse musique…

Les paupières du jeune homme s’ouvrirent tout à coup. Gwen vit deux yeux foncés, dont elle se souvenait bien, car si jeune qu’elle fût naguère, elle avait été instinctivement saisie de leur beauté profonde, de la volonté hautaine que dégageait ce regard. Dougual de Penanscoët retira la cigarette de ses lèvres et prononça quelques mots, que Gwen n’entendit pas à la distance où elle se trouvait. Mais elle s’aperçut alors qu’il y avait un autre personnage dans le petit temple. Sur un tapis, à quelques pas du divan, était étendu un adolescent vêtu de toile blanche. Il avait des cheveux noirs coupés ras, des yeux clairs et durs brillant dans un maigre visage au teint brun pâle. D’un mouvement souple, presque félin, il s’approcha du divan, tandis que la musicienne cessait de promener ses doigts sur les cordes tendues de l’instrument.

L’adolescent prit la cigarette à demi consumée que lui tendait Dougual et alla vers une petite table. Il revint, portant sur un plateau une autre cigarette qu’il présenta au jeune vi-