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belle princesse hindoue qui paraissait peu dans le monde et restait confinée, comme les femmes de son pays, dans son appartement avec ses suivantes. Peut-être, en approchant un peu plus du château, pourrait-elle l’apercevoir. Mais elle n’osait pas. Et puis, le vicomte avait des chiens féroces, dont il se faisait toujours suivre, racontait Mme  Dourzen. Il avait même un jeune tigre, qu’il laissait en liberté dans ses résidences d’Asie ; mais, en Europe, il le faisait mettre en cage.

Précisément, à cet instant, un rugissement se fit entendre. Le tigre devait être là, du côté des tours demi-ruinées dont la lune éclairait fantastiquement la sombre masse couverte de lierre. Un frisson courut le long du corps de Gwen. Mais, en même temps, l’aventureuse petite personne songeait : « Oh ! je voudrais bien le voir… Je n’en ai vu que sur une image, dans ce livre qu’à déchiré Laurette et où l’on racontait un voyage si intéressant ! »

Cependant, elle ne pouvait demeurer plus longtemps ici. En soupirant de regret, Gwen revint sur ses pas. Mais elle se trompa d’allée, comme elle s’en aperçut bientôt, quand elle se trouva dans un hémicycle entouré de grands vases de granit posés sur des piédestaux et des bancs de pierre qui les séparaient.

Elle n’était certainement point passée ici. Tandis qu’elle demeurait là, un peu perplexe, des sons doux et graves arrivèrent à son oreille. Qu’était-ce que cette musique si belle ?