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sionnément la mer, comme tout rejeton des Dourzen digne de ce nom, et aujourd’hui elle avait le besoin de remuer, de s’étourdir un peu, au sortir du funèbre logis.

Un sentier rocailleux, à travers la lande, menait à une cabane de douanier. Un autre, dans la falaise rocheuse, descendait à la grève. Mais Gwen ne prit pas celui-là. Elle longea le bord de la falaise, qui allait en s’abaissant jusqu’au parc de Kermazenc. Son regard, tandis qu’elle marchait, ne quittait pas les flots houleux, qui battaient les écueils dont la présence rendait dangereuse cette partie de la côte. Sur eux se balançait, à l’ancre, un grand yacht blanc. Gwen distinguait les matelots qui allaient et venaient sur le pont, procédant au nettoyage. Elle voyait aussi les trois fleurs de lotus qui ornaient le pavillon jaune arboré à l’arrière. Ce bateau devait être celui du comte de Penanscoët, dont Mme Dourzen avait annoncé l’arrivée.

« Quel dommage ! pensa-t-elle, aujourd’hui où je suis libre, j’aurais pu aller passer un petit moment dans le parc. »

M. de Penanscoët, en faisant établir sur la lande un champ d’atterrissage pour ses avions, avait ménagé entre celui-ci et la clôture de son parc un assez large chemin, où les habitants du pays avaient liberté de passage. Ainsi pouvaient-ils, de ce point de la côte, regagner plus directement Lesmélenc. Ce chemin, tout ombragé par les arbres du parc, était