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prisant qu’elle prenait toujours quand il était question de Varvara :

— Armaël lui en avait certainement donné ; mais elle les aura bazardés en un moment de dèche. C’est toujours à court d’argent, ces femmes-là.

Non, la jeune veuve les avait conservés, ces bijoux offerts par son mari. Gwen les voyait là, sur le satin blanc des écrins. Elle referma ceux-ci, en songeant avec une farouche satisfaction :

« Mme  Dourzen ne saura jamais qu’ils sont ici. »

Puis elle remit le petit coffret dans sa cachette et repoussa le battant de l’armoire secrète, qui se referma doucement.

Alors Gwen, toute remuée de ce qu’elle venait de trouver, s’assit près d’une fenêtre. La brise humide venue du large vint rafraîchir son visage. Des larmes glissaient le long de ses joues et elle joignait, serrait l’une contre l’autre ses petites mains, dans un geste d’angoisse, pauvre enfant seule dans la vie.

Quand Gwen quitta le vieux logis, elle ne savait combien de temps s’était écoulé, depuis qu’elle était là. Mais peu importait. Les domestiques étaient indifférents à son égard, non mauvais, et ne diraient mot à Mme  Dourzen si elle se trouvait en retard pour le repas. Elle résolut de revenir par la côte, c’est-à-dire en faisant un assez long détour. Elle aimait pas-