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— Et le jeune Dougual tourne déjà toutes les têtes féminines. Il a de qui tenir, d’après ce qu’on dit de son père. Peut-être, à cause de lui, donneront-ils plus de fêtes qu’il y a quatre ans. Malheureusement, nos filles ne seront pas encore d’âge à en profiter !

De tout cela, Gwen ne retint que ces mots : « Voilà les Penanscoët arrivés. » Et elle pensa aussitôt :

« Maintenant, je ne pourrai plus aller dans le parc. »

Or, c’était l’un de ses rares plaisirs. Le jardin de Coatbez n’était séparé que par une haie d’arbrisseaux du parc de Kermazenc, à peu près livré, en cet endroit, aux caprices de la nature. Les jardiniers se contentaient d’y faire quelques coupes, tous les deux ou trois ans. En écartant les branches des arbrisseaux, il était facile à un enfant d’y pénétrer. Rose et Laurette ne s’en étaient pas privées, quand elles étaient plus jeunes, pour jouer « aux sauvages » avec leurs petits amis, dans ce semblant de forêt vierge. Mais, maintenant, ces jeux ne leur plaisaient plus. Seule, Gwen continuait de se glisser à travers la haie pour passer quelques moments — les meilleurs de son existence — dans ce parc enchanté.

Oui, enchanté. Car sa vive imagination, encore excitée par la solitude morale où elle vivait, le peuplait d’êtres fantastiques, y situait de mystérieuses ou de dramatiques aventures. Un jour, elle avait ramassé et lu un vieux