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GWEN, PRINCESSE D’ORIENT

avec nous ce soir-là et fit apporter du champagne. Dans la nuit, ma tante fut prise d’un court malaise et mourut avant même qu’on eût le temps de chercher un médecin.

« J’étais si éprise de Gordon que j’éprouvai un chagrin modéré en perdant ainsi ma seule parente, dernier lien me rattachant au passé, et pour qui j’avais cependant une affection profonde.

« Dès le lendemain des funérailles, Gordon me conduisit devant un pasteur et nous fûmes mariés en présence de deux témoins amenés par mon fiancé.

« Il me conduisit dans une villa qu’il possédait aux environs de New York, sur le Sound. Et quelques jours plus tard, avec un froid cynisme, il m’apprenait que la cérémonie de notre mariage n’avait été qu’un simulacre. Le soi-disant pasteur était un homme à ses gages, qui avait joué ce rôle.

« Hélas ! j’étais si complètement dominée par lui que ma révolte fut faible, devant la révélation de cette odieuse comédie. Non, vraiment, je ne m’appartenais plus… je n’étais qu’une pauvre chose entre les mains d’un être pervers entre tous.

« Pervers… à quel point ! Pendant plusieurs années, il se plut à me torturer, savamment, par la jalousie. Des femmes, pour la plupart étrangères, étaient amenées chez lui, et il