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GWEN, PRINCESSE D’ORIENT

ou des peuples fanatisés déçus dans leurs espoirs ?

Ainsi Gwen passait-elle dans une anxiété chaque jour grandissante les longues journées grises, dans le vieux château où elle était servie en princesse, entourée de soins et d’attentions par le Chinois Li-Hang et la Javanaise Pavali. Eux seuls l’approchaient. Les autres serviteurs ne la voyaient que de loin, passant, enveloppée dans ses voiles, à travers les appartements décorés avec magnificence, ou gagnant les jardins, le parc humide et sombre qu’elle parcourait mélancoliquement chaque jour.

Un soir, elle se rendit sur la grève, accompagnée à courte distance par Li-Hang, comme le lui avait recommandé son mari. Il ne pleuvait pas et l’air était doux, saturé d’émanations salines auxquelles se mêlait la senteur résineuse des pins qui bordaient la côte à cet endroit. Gwen entendait le bruit de la mer, qui montait à cette heure. Parfois, après le passage d’une longue suite de nuages, la lune un instant dévoilée jetait une blanche lueur sur les flots houleux, qui commençaient de déferler contre les rochers de la côte. Gwen marcha pendant un moment, un peu nerveusement, le long de la petite grève qui s’étendait au bas du parc de Kermazenc. Elle songeait : « Si le temps n’est pas mauvais de-