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GWEN, PRINCESSE D’ORIENT

triste enfance. Comme le lui avait recommandé Dougual, pour qu’elle ne risquât pas d’être reconnue par les gardiens et les serviteurs bretons, elle portait le costume hindou et se voilait dès qu’elle quittait son appartement. Chaque jour, elle faisait une solitaire promenade dans le parc, revoyait les lieux qui lui rappelaient de chers souvenirs : le kiosque de marbre où le Prince charmant, une nuit de fête à Kermazenc, avait découvert une trop curieuse Cendrillon, ces allées où elle avait passé à son bras, tremblante de crainte et saisie d’un délicieux vertige. Dans le château, elle avait élu comme pièce préférée ce salon aux parois de laque rouge où Dougual l’avait amenée pour lui enlever son masque, et dont elle avait fui en courant, fonçant à travers le parc comme une biche poursuivie. Ses fenêtres donnaient sur un jardin garni d’arbres exotiques et qui avait, par son tracé, par son ornementation, quelques analogies avec certaines parties des merveilleux jardins de Pavala… Mais il y manquait le ciel tropical, l’atmosphère chaude où s’exhalaient de violents parfums. À cette époque, toute proche de l’automne, les jours étaient gris, pluvieux. C’était aussi le moment des tempêtes. Avec Dougual, Gwen se serait peu souciée du pire mauvais temps. Mais seule — moralement seule du moins —