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GWEN, PRINCESSE D’ORIENT

les risques inutiles. Un jour ou l’autre, tôt ou tard, Dougual se détacherait de cette femme.

— Tu as reconnu toi-même qu’elle était de celles auxquelles un homme peut rester longuement attaché. Tu m’as dit qu’elle pourrait être dangereuse…

— C’est vrai… Mais si ces craintes se réalisaient, il nous serait possible alors…

Le comte leva les épaules.

— Mieux vaut trancher ce lien au plus tôt. Il ne faut pas laisser traîner ces choses-là. Dougual ne peut avoir aucun soupçon, puisque rien, dans le malaise de Gwen, n’a pu révéler que le poison en fût la cause.

Pendant un moment, le brahmane demeura songeur… À quelques pas des deux hommes, un Hindou se tenait debout, appuyé contre une colonne, les bras croisés. Le turban clair dont il était coiffé faisait ressortir la teinte fortement bronzée du visage maigre, que striaient quelques rides. Le regard semblait indifférent, presque endormi, dans l’ombre des paupières demi-baissées. Par instants, seulement, un furtif éclair le traversait, les lèvres sèches avaient un bref, insaisissable sourire… Cet homme était Ajamil, le mari de Sanda et le serviteur préféré du comte de Penanscoët, qui avait depuis bien des années mis à l’épreuve son dévouement fanatique et sa discrétion absolue.