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GWEN, PRINCESSE D’ORIENT

adroits. L’Hindoue, elle aussi, glissait des coups d’œil observateurs vers la jeune femme. Quand elle eut versé le thé dans les tasses de Chine, elle alla s’accroupir sur des coussins, à quelques pas de Nouhourmal, et demeura immobile, le menton appuyé contre sa main.

Nouhourmal, tout en tournant une petite cuiller dans le breuvage parfumé, adressa quelques questions à sa belle-fille sur la fin de Varvara. Le faisait-elle par sympathie ou seulement mue par une curiosité banale ? Gwen se le demandait, tout en considérant ce visage impénétrable dont la beauté semblait à peine touchée par l’âge. Existait-il un cœur, sous cette froide enveloppe ? Mme de Penanscoët avait-elle souffert de partager avec d’autres femmes l’amour d’Ivor de Penanscoët ? Aimait-elle son fils et y avait-il en elle quelque secrète douleur de ne l’avoir jamais eu un peu à elle, de n’être pour lui que lointaine et indifférente ?

« Cependant, cette femme si froide m’inspire une sorte de sympathie et de la confiance, pensait Gwen. C’est curieux !… Et j’ai l’impression qu’elle ne m’est pas hostile, elle, au contraire. »

Dans l’éblouissante petite salle aux murs semés de pierreries, l’air tiède de la nuit entrait par la baie de marbre dont Sanda avait été tirer le rideau. Les graines odoriférantes achevaient de se consumer dans le brûle-parfum.