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GWEN, PRINCESSE D’ORIENT

Oui, ce devait être lui !… Et peut-être… peut-être était-il à Kermazenc ?

Oh ! cette ignorance, cette incertitude, quel supplice !

Gwen se tordait les mains, en luttant contre la tentation de courir à la fenêtre. Maintenant que Mevada était alertée, ce soir, il n’y avait plus rien à faire. Mais Wou savait à présent qu’elle était là… Wou et son maître, car de plus en plus l’espoir pénétrait l’âme de la jeune femme. Ils trouveraient tous deux le moyen de la sauver, en dépit de ses geôliers.

Elle s’abattit sur le prie-Dieu, brisée, le corps secoué de frissons. Elle ressentait tout à coup un malaise dont elle avait souffert à plusieurs reprises, hier et aujourd’hui. Un voile s’étendait devant ses yeux et sa langue trop sèche semblait s’attacher au palais.

« Qu’ai-je donc ? songea-t-elle. Pourvu que je ne tombe pas malade ! »

Elle essaya de prier. Mais d’étranges hallucinations se présentaient à sa pensée. L’une d’elles lui montra sa mère, agenouillée sur ce même prie-Dieu, comme elle l’avait vue si souvent… et puis elle la revit morte, étendue sur ce lit qui était là, tout près… morte… empoisonnée par Ivor de Penanscoët.

Empoisonnée…

Le mot s’incrustait dans le cerveau en désarroi. Pendant quelques secondes, Gwen, saisie