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GWEN, PRINCESSE D’ORIENT

étaient gardés à vue dans la villa d’Ouchy où ne demeuraient plus que quelques serviteurs ; mais au cas où d’autres rôderaient encore aux alentours, Dougual avait fait prendre toutes les précautions pour que son départ pût passer inaperçu.

Il s’installa dans l’appartement qu’il avait occupé autrefois. Après deux jours de repos, le docteur Tsang l’autorisa à sortir un peu dans les jardins. Les forces revenaient vite, en ce jeune être plein de vitalité. Mais l’angoisse, la douloureuse impatience, la fureur de son impuissance à découvrir la retraite de sa bien-aimée et à châtier le criminel, entretenaient chez lui un état de nervosité qui inquiétait le médecin et Mme de Penanscoët.

Il alla s’asseoir dans le kiosque chinois où, le jour de la fête masquée, il avait rencontré la mystérieuse Hindoue pour laquelle, aussitôt, il avait éprouvé un attrait jusqu’alors inconnu de lui. Il revécut leur lente promenade à travers les groupes des hôtes intrigués, la brève petite scène dans le salon aux parois de laque, aux tentures de soie jaune brodée d’argent… le masque enlevé par lui, la vue de l’admirable visage, l’indignation de Gwen, sa fuite à travers les jardins… Gwen, la jeune fille à l’âme ardente, qui avait hérité de la race paternelle le goût de l’aventure, Gwen, la très aimée, dont il ignorait le sort.