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GWEN, PRINCESSE D’ORIENT

Pendant un moment, Gwen ne put continuer, car la parole lui manquait et les battements tumultueux de son cœur l’étouffaient. Devant elle, Willy, impassible, jouait avec un couteau à manche de nacre qui avait appartenu aux grands-parents d’Armaël Dourzen.

— … C’est ainsi que vous avez répondu à la bonté de Dougual pour vous… en aidant son misérable oncle à l’assassiner !

— La bonté de Dougual ?

Willy eut un rire mauvais. Laissant retomber le couteau sur la table, il se leva en repoussant le fauteuil.

— Où avez-vous pris que Dougual était bon pour moi ? Il n’aimait que lui… Adulé par tous, et en premier par celui qui se croyait son père, ainsi que par Appadjy, il se considérait comme bien au-dessus de tous les autres mortels… à plus forte raison de moi, qui n’étais à ses yeux que l’un de ses serviteurs. Mais j’avais été élevé dans cette idée qu’il était, réellement, plus qu’un mortel ordinaire. J’avais pour lui un sentiment qui n’était pas de l’affection, — je ne crois pas être susceptible d’en éprouver pour personne au monde, — mais une sorte d’attachement fanatique. Bien que n’ayant pas reçu de confidences, j’avais deviné les secrets desseins d’Ivor de Penanscoët et d’Appadjy ; je savais dans quel dessein ils élevaient Dougual. Et