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rine était sortie, mon petit enfant ? Pourquoi as-tu désobéi ?

— Mais, Alix, j’ai vu tout d’un coup la porte ouverte… ; je suis rentré et j’ai été par les chambres aller retrouver Mathurine… Mais je me suis rappelé ce que Fanche m’avait dit l’autre jour…

— Quoi donc, mon chéri ?

— Il m’a raconté qu’il y avait de très belles choses dans la vieille tour, là-bas, et qu’il m’y conduirait si j’étais sage, mais qu’il ne fallait en parler à personne parce que Mme Orzal le gronderait… Alors j’ai voulu aller voir aujourd’hui, tout seul. D’abord, j’ai été par la cour, mais la tour était fermée, et il y avait, à côté, de la vilaine eau toute verte… je suis rentré et j’ai été par les chambres où les pierres tombent… Fanche a menti, il n’y a rien de beau. C’était tout noir… et il faisait si froid !

Il se blottit entre les bras de sa sœur et demeura silencieux. Even, qui se tenait adossé à la cheminée, les bras croisés et les traits soucieux, s’éloigna sans qu’Alix s’en aperçût.

— Voici du lait bien chaud, dit Mathurine qui entrait, un bol à la main.

Le visage de la servante conservait encore les traces de la terrible anxiété de tout à l’heure, et la main qui présenta le bol à Alix tremblait violemment.

— Vous avez eu peur, pauvre Mathurine ! dit affectueusement la jeune fille. Vous connaissiez bien cette demeure et vous avez eu tout de suite l’idée d’aller à cette affreuse cave.

— Oh ! oui, je connais tout cela… J’ai parcouru les plus petits recoins lorsque ces demoiselles étaient enfants et que je jouais à cache-cache avec elles. Mlle Georgina égarait sa sœur le plus qu’elle pouvait, si bien que je retrouvais parfois fort difficilement dans quelque coin, ou au fond d’une cave, la