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Que de tant plus m’esjouir, Que plus les ans vont fouir. {Melin de Sainct-Gelays, Poésies t. III, 112, Bibl. elz.)

MEME SUJET

Quand je veux en amour prendre mes passe-temps, M’amie, en se moquant, laid & vieillard me nomme. « Quoy ! dit-elle, rêveur, tu as plus de cent ans, Et tu veux contrefaire encore le jeune homme ! Tu ne fais que hennir, tu n’as plus de vigueur, Ta couleur est d’un mort qu’on devalle en la fosse, Vray est, quand tu me vois, tu prends un peu de cœur : Un cheval généreux ne devient jamais rosse ; Et, si tu m’en crois, pren ce miroir & voy Ta barbe en tous endroits de neige parsemée, Ton œil qui fait la cire espesse comme un doy, Et ta face qui semble une idole enfumée, » Alors, je luy respons : « Quant a moy, je ne sçay Si j’ay l’œil chassîeux, si j’ai perdu courage. Si mes cheveux sont noirs, ou si blancs je les ay : Il n’est plus temps d’apprendre à mirer mon visage; Mais, puisque le tombeau me doit bientost avoir, Certes, tu me devrois d’autant plus estre humaine : Car le vieil homme doit ou jamais recevoir Ses plaisirs, d’autant plus qu’il void la mort prochaine. »

(Ronsard, Odes, t. II, 357, 3ibl. elz.)