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dont nous goûtons encore le parfum, dans une pièce comme celle-ci, par exemple, adressée à une jeune fille un peu fière : « Cavale de Thrace, pourquoi ces regards obliques et cette fuite rapide ? Me prends-tu pour un cavalier malhabile ? Sache-le donc; je puis te brider à merveille, et les rênes en mains, te faire tourner au bout du stade. Tu pais dans les prairies ; légère et bondissante, tu t'ébats librement : c’est que tu n’as pas encore trouvé un cavalier capable de te dompter » (1).

  Lorsque Polycrate eut été tué à Samos, Anacréon quitta cette ville, et l'on raconte qu’une galère à cinquante rameurs, envoyée par Hipparque, l’amena triomphalement à Athènes. C’est là, sans doute, dans une petite maison voisine de quelque source limpide bordée de myrtes et d’oliviers, où il déjeunait « d’un mince gâteau de miel et d’un flacon de vin », où sur sa pectis charmante « il disait une chanson en l’honneur de son amie, une tendre et délicate enfant » qu’il finit sa vie qui fut longue, à moins pourtant que pris du regret de sa première patrie, il n’eût voulu 

mourir à Téos, où une épigramme attribuée à Simonide place son tombeau. Il ne nous reste d’Anacréon que des fragments,

(1) Nous donnons la traduction de M. M. Croiset, dont la belle Histoire de la littérature grecque (Thorin, i890) nous a été très utile.