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la valeur d’un système mieux que par la multitude détaillée des conceptions soumises, selon un développement plus ou moins régulier, à sa force organisatrice ? Malgré les railleries qu’on lui a prodiguées, la Kantphilologie n’est pas une dégénérescence pitoyable de l’esprit qui doit s’attacher à l’interprétation du kantisme[1] ; quand elle est représentée par des historiens et des critiques tels que, par exemple, Benno Erdmann, Vaihinger, Heinze, on ne saurait contester qu’en insistant sur des questions très particulières, elle n’ait servi à mieux faire saisir le rapport des éléments ainsi que le sens général de la philosophie kantienne ; même chez de moindres auteurs, en rapprochant d’autre façon les textes, en multipliant les petits problèmes, elle prémunit contre la tentation de juger toutes simples et comme spontanément opérées des liaisons d’idées que la connaissance commune de la doctrine nous a rendues familières. Par là elle rachète amplement une bonne part des défauts qu’on lui impute. Pour mon compte, j’ai essayé de discerner le mieux que j’ai pu, par les mentions que j’en ai faites, les publications utiles et sérieuses des publications sans portée ; je les ai indiquées, suivant la marche de mon exposé, aux places où elles avaient surtout lieu d’être consultées ; j’ai eu moins le souci, du reste, d’établir par là leur degré de contribution à mon ouvrage que de marquer l’intérêt qu’elles pourraient avoir pour le compléter et le contrôler.

En tout cas, j’aurais très insuffisamment reconnu, par quelques références ou citations, ce que je dois à mon maître, M. Emile Boutroux. Avec son étude sur Kant,

  1. Cf. Kuno Fischer, Geschichte der neuern Philosophie (édition du jubilé), IV, p. 326-336, p. 590. — V. contre Kuno Fischer l’article justificatif de Vaihinger, Ueber eine Enldeckung nach der alle neuen Kominentare zu Kants Kritik der reinen Vernunfl und insbesondere mein eigener durch ein älteres Werk entbehrlich gemacht werden sollen, Kantstudien, III, p. 334-343.