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trouve contribuer plutôt selon la nature de ses inclinations que selon son revenu. Le prodigue contribue au delà de la juste proportion ; l’homme parcimonieux contribue, en deçà de cette proportion ; pendant sa minorité, un homme doué d’une grande fortune contribue ordinairement de fort peu de chose, par sa consommation, au soutien de l’État dont la protection est pour lui là source d’un gros revenu. Ceux qui résident en pays étranger ne contribuent en rien par leur consommation, au soutien du gouvernement du pays, dont ils tirent leur revenu. Si, dans ce dernier pays il n’y avait pas d’impôt territorial ni aucun droit considérable sur les mutations des propriétés mobilières ou immobilières, comme cela est en Irlande, des personnes absentes pourraient ainsi jouir d’un gros revenu à la faveur de la protection d’un gouvernement aux besoins duquel elles ne contribueraient pas pour un sou[1]. »

Nous n’insisterons pas sur ces divers points, car ils ne sont guère, en réalité, que la répétition où l’amplification des développements que l’auteur avait présentés pour l’accise. Cependant tout ce chapitre est fort intéressant au point de vue historique en ce qu’il fait ressortir combien les applications du système mercantile étaient défavorables au souverain lui-même, comment les gros droits qu’on avait établis avaient eu pour effet d’encourager la contrebande et de réduire le revenu des douanes, comment les primes et drawbacks avaient donné lieu à des fraudes scandaleuses qui coûtaient à l’État des sommes considérables, enfin comment les droits de douane formaient un fouillis inextricable que les commerçants et les industriels avaient peine à démêler.


Tel est l’ensemble d’impôts par lequel l’État se procure, en temps normal, les ressources annuelles destinées à compléter les revenus de son domaine. Mais ces ressources sont parfois insuffisantes lorsque le souverain est obligé de pourvoir à des dépenses extraordinaires, dans le cas d’une guerre par exemple : il faut donc recourir à l’emprunt.

Au moyen-âge, avant le développement du commerce et des

  1. Rich., liv V, ch. II (t. II, p. 594).