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aux salariés en maintenant artificiellement à un taux élevé le prix de toutes choses ; il détruisait fatalement l’équilibre entre les diverses branches de la production, parce qu’il est impossible à l’État de régler arbitrairement, avec quelque équité, la distribution de la protection entre les différents emplois ; enfin, non content de susciter l’antagonisme des classes et des divers producteurs, il semait la haine entre les nations, et il amenait des crises en provoquant de la part des autres peuples des représailles contre les produits nationaux.


Smith a magistralement réfuté cette doctrine dans son principe et dans ses procédés : c’est la partie des Recherches qui est, sinon la plus remarquable, du moins la plus connue, et c’est à elle que l’on doit en grande partie l’idée des réformes libérales que l’Angleterre a introduites dans sa législation douanière dans le courant de ce siècle et qui ont inauguré dans l’histoire du commerce une ère de liberté. Malgré des pronostics menaçants, le système mercantile ne peut renaître ; s’il arrive qu’il ait momentanément la victoire, il ne peut plus être rétabli d’une manière durable : le développement des moyens de communication, les progrès de la civilisation s’y opposent. Adam Smith, en fondant l’économie politique sur la saine doctrine de la liberté, lui a donné un coup mortel : il ne s’en relèvera pas.