Page:Delatour - Adam Smith sa vie, ses travaux, ses doctrines.djvu/170

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aux besoins journaliers des consommateurs : c’est là la fonction du commerce de détail.

On a critiqué très souvent cette classification des industries. Les uns, avec Destutt de Tracy, ont trouvé les divisions trop nombreuses et n’ont voulu reconnaître que deux modes vraiment distincts d’emploi des capitaux, suivant qu’ils ont pour objet des transformations de forme ou seulement des transformations de lieu, et ils ont même confondu dans la même classe l’industrie agricole et le travail manufacturier, malgré la différence de leur objet. Mais la majorité des économistes modernes a pensé, au contraire, avec M. Dunoyer, qu’il y aurait plutôt lieu, dans l’intérêt de la science, d’augmenter encore les subdivisions indiquées par Smith, et, tout en rangeant dans une même catégorie le commerce en gros et le commerce en détail, ils, ont cru devoir établir deux classes spéciales pour l’industrie extractive et l’industrie des transports.

On a donc désigné sous le nom d’industrie extractive celle qui concerne l’exploitation des richesses naturelles, des substances minérales enfouies dans le sol, des bois à extraire de forêts quelquefois impénétrables et qui ont crû sans le concours du travail humain, enfin la chasse et la pêche, en un mot, l’appropriation de tous les êtres ou objets qui ne deviennent utilités que par un changement de lieu. Cette distinction était nécessaire, et, pour ne pas l’avoir faite, Adam Smith a laissé planer sur certaines parties de son ouvrage un peu d’obscurité, en s’appliquant à confondre dans une même étude l’industrie agricole qui produit par transformation et l’industrie extractive qui produit sans transformation au moyen de l’isolement des matières ou des êtres qu’elle veut mettre en valeur.

On a jugé aussi que l’industrie des transports ne peut être rangée dans la même catégorie que le commerce, attendu que si le changement de lieu accompagne généralement l’échange, il n’en est pas cependant la condition nécessaire. Mais cette distinction était d’ailleurs conforme à la classification même de Smith, car, en parlant de commerce en gros dont il tenait à séparer l’étude de celle du commerce en détail, c’était en réalité l’industrie des transports qu’il avait en vue de définir, quand il lui donnait pour mission de « transporter soit le produit brut, soit