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lorsqu’elle entreprenait de suivre leurs progrès, de tracer leur marche et leurs révolutions successives… Afin donc de faire de cette scène inférieure du grand théâtre de la nature un spectacle cohérent aux yeux de l’imagination, il fallait supposer deux choses : premièrement, que tous les objets extraordinaires qu’on y remarque sont composés d’un petit nombre d’autres objets avec lesquels l’esprit est bien familiarisé ; secondement, que toutes leurs qualités, leurs opérations, leurs lois de succession, ne sont que diverses modifications de celles auxquelles il est accoutumé et qu’il a eu de fréquentes occasions d’observer dans des objets simples et élémentaires. »

Or, de tous les corps qui nous environnent, ceux qui nous sont les plus familiers sont assurément la terre, l’eau, l’air et le feu. Les premiers philosophes furent donc tout naturellement portés à chercher dans tous les autres quelque chose qui leur ressemblât. « La chaleur observée dans les plantes et les animaux semblait démontrer que le feu fait partie de leur composition. L’air n’est pas moins nécessaire pour la subsistance de ces deux classes d’êtres et paraît aussi entrer dans la structure des animaux par la respiration et dans celle des plantes par quelques autres voies. Les sucs qui circulent dans leurs parties inférieures faisaient voir combien l’eau était employée dans toute leur texture ; et la putréfaction, qui les résout en terre, montrait assez que cet élément n’avait pas été omis dans leur formation originelle. » On vit donc, dans ces quatre corps, les éléments de tous les autres, et « la curiosité humaine, dit le célèbre philosophe, aspirant à tout expliquer avant de savoir bien expliquer un seul fait, se hâta d’élever, sur un plan imaginaire, l’édifice entier de l’univers. »

C’est par l’examen de ce système que commence Adam Smith, mais nous n’avons pas l’intention de parcourir les autres avec lui, d’autant plus que cette étude, fort brève d’ailleurs, est loin d’être complète. Nous avons voulu seulement donner, par quelques extraits, une idée de cet écrit, en montrant comment le professeur de Glasgow apporte la clarté dans cette histoire obscure des premiers systèmes, et avec quelle simplicité pleine de charmes il en expose les principes.

Nous passerons encore plus vite sur l’Histoire de la logique et