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caractère de la vertu. » La vertu consiste donc, suivant les systèmes, soit dans la convenance, soit dans la prudence, soit enfin dans la bienveillance.


Quant au principe de l’approbation, c’est-à-dire la puissance ou la faculté.de l’âme qui nous fait préférer telle conduite à telle autre, qui nous fait trouver l’une méritante et l’autre déméritante, les différentes écoles l’ont placé, ou dans la raison, ou dans l’intérêt personnel, ou dans le sentiment. « On a expliqué de trois manières, dit en effet Adam Smith[1], le principe de l’approbation. Selon quelques-uns, nous approuvons ou nous désapprouvons nos actions et celles des autres, par amour de nous-mêmes seulement et selon qu’elles ont plus ou moins de rapport à notre intérêt ou à notre bonheur ; selon d’autres, c’est la raison, c’est-à-dire la faculté par laquelle nous distinguons le vrai du faux, qui nous fait discerner ce qui est convenable ou ce qui est inconvenable dans nos actions et dans nos affections. Quelques autres encore prétendent que ce discernement est entièrement l’effet de notre sensibilité, qu’il n’est que le plaisir ou le dégoût même que certaines affections ou certaines actions nous inspirent. »

Nous ne voulons pas entrer dans les détails de cette étude, car nous ne pourrions suivre l’auteur dans l’examen des diverses doctrines, sans être entraîné rapidement hors du cadre de ce travail. Mais nous avons tenu à faire remarquer, et le point de vue élevé où s’est placé Adam Smith, et la méthode originale qu’il a employée dans cet aperçu de l’histoire de la philosophie morale. Quant à l’exposé des systèmes, il faut le lire, car d’arides extraits ne peuvent en donner une idée. Comme l’a dit Mackintosh[2] : « l’auteur y démontre d’une manière admirable quelle influence durent avoir sur les systèmes de morale, l’état social, les révolutions politiques ainsi que les habitudes individuelles et nationales. Il se pénètre de la philosophie qu’il décrit, et il nous fait connaître la morale de l’école stoïque avec l’austérité et la fierté d’un sage stoïcien, tempérées par la tolérance

  1. Théorie des sentiments moraux, VIIe partie, sect. III, p. 370.
  2. Mélanges, p. 3.