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core pour voir ce phénomène : une automobile.

Même pendant la belle saison, il n’en passait jamais par là. Gourneville, comme beaucoup de coins normands, restait attardé dans les siècles d’avant le nôtre. Il est bien des terres de mon pays où l’on ne soupçonne même pas encore les traces de la Révolution.

C’était une belle limousine toute neuve, assez semblable, pour la forme et la couleur, à la voiture à grelots guettée jadis par Marie Gautrin. La science moderne a donné d’invisibles ailes aux berlines de nos grands’mères, et les promène sans chevaux sur les routes, voitures enchantées qu’une fée toucha de sa baguette.

Toujours en attente du merveilleux, la petite âme ne s’étonna pas trop. La limousine jaune et noire qui fonçait sur la route n’arrivait-elle pas du fond des songes, appelée par l’intense rêverie de Charlotte Villeroy ?