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la tante Dorothée, qu’on l’appelait, qui te l’a expédiée dans un couvent de Paris. Aux vacances, elle venait queuquefois au manoir, mais pas souvent, parce que Mme Pierre de Gourneville préférait son château près Rouen. Et puis, presque tout l’été, ta mère le passait en Angleterre, dans une famille qu’était bien convenable. Ça fait qu’on ne la voyait presque pas. Elle était bien jolie itou, ta mère, oh oui ! À l’âge qu’elle a maintenant, une bonne pièce de trente-cinq ans, tu vois si elle est encore bien, ma Marie-Ange ! On ne croyait pas qu’elle se marierait. Mais au moment de coiffer sainte Catherine, voilà les amours qui parlent pour M. Villeroy, ton père. La vieuille tante de Gourneville a fait bien des hélas, car elle avait toujours espéré que Marie-Ange redeviendrait noble par épousailles. Mais elle a eu peur de la mare, et elle n’a pas essayé de dire non. Elle était pourtant guerrière. C’était une vieuille vivante, une Normande qu’avait pas froid à l’œil. Mais elle a donné