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s’agissait de passer le temps, le temps austère qui, de cinq à sept, l’asseyait devant la tâche quotidienne. Ainsi Mlle Calpelle ne pourrait pas, selon sa redoutable menace, écrire à Mme Villeroy pour se plaindre de son élève.

De toute sa mauvaise foi de paresseuse :

— J’ai fait ce que j’ai pu…

L’oreille au guet, elle reconnut le coup de sept heures au clocher, redit par la grosse horloge de la salle à manger. Les livres et le cahier refermés net, elle courut à clochepied jusqu’à la cuisine.

— Nounou, j’ai fini de travailler !

— Bien, mon Nenet ! T’es un p’tit ange du ciel !

Le malaise d’un léger remords passa sur le cœur de Toutoune. Elle ne se sentait pas très honnête. Mais un coup d’œil vers l’avenue la remit d’aplomb. Quelle bonne demi-heure avant le dîner, quelle récréation intense, dans la lumière rosée, où, déjà, se pressentait le long désespoir du couchant…