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Le tiroir enfin ouvert, l’enfant trouve son trésor. La voici qui plonge son museau de chien-loup dans le petit linge ensorcelé.

Parfum, parfum qui évoques, qui fais naître des apparitions derrière les paupières closes de l’extase, parfum, présence réelle, cruel parfum qui nous redonne tout un être, alors que nos pauvres bras ne serrent sur nos pauvres cœurs que du vide…

Les larmes aux yeux encore, la petite fille retourne à son lit, saute dedans d’un bond, renfonce sous les couvertures ses pieds refroidis, son corps étroit. Faisons semblant de dormir, car voici la mère Lacoste qui monte. Ce mouchoir, c’est un grand secret qu’il ne faut pas dire. C’est gentil d’avoir ce secret-là dans son âme…

— Bonjour, ma Charlotte !

La mère Lacoste porte avec soin le plateau de bois où fume le bol de café au lait, où le pain mollet, le beurre et le sucre s’échafaudent. Son profil de vieille Normande au beau nez, dessine sur le camaïeu ses lignes