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Elle commença, d’une voix mal assurée :

— Maman… Si tu veux… Je connais une bonne femme, dans le village, qui pourrait peut-être faire la cuisine… Elle était cuisinière dans sa jeunesse… Elle me l’a raconté souvent…

Mme Villeroy ôta ses mains, et regarda sa fille, à travers des larmes, avec une expression de désolation définitive.

— Qu’est-ce que c’est que cette femme ?… sanglota-t-elle.

Puis, à bout de force, vaincue :

— Fais ce que tu voudras, Toutoune…

Et la petite, à ces mots, sentit brusquement que quelque chose d’immense se passait. Les situations se renversaient. C’était elle, Toutoune qui, tout à coup, devenait l’aînée, la grande personne, celle qui gâte l’autre et la protège.

Seule au manoir entre sa mère étrangère et cette femme de chambre de Paris, elle eut la révélation de son importance. Elle n’avait pas onze ans. Mais elle connaissait les aîtres