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a cessé d’être délicieuse. Cependant je n’ai pas pleuré, pas questionné. On ne sait pas ce qu’il y a dans les enfants qui ne disent rien. La bonne femme a dû penser : « Trop petit… Ça ne comprend pas encore… » Et elle a continué de me soigner gentiment, de son mieux, comme elle le fait toujours, et j’ai été la petite fille sans parents qu’on a mise en nourrice. Seulement j’étais chez nous, chez moi.

Je ne sais pas comment c’est venu. Petit à petit j’ai su que le manoir de Gourneville nous appartenait, que c’était notre bien, une partie de la dot de maman, et ma dot future à moi. La mère Lacoste dit : « C’est ta légitime, ma Charlotte. »

J’ai su cela. J’ai su que papa et maman voyageaient en Algérie parce que papa est architecte et qu’il faut qu’il gagne beaucoup d’argent là-bas. C’est le pays de son père et de sa mère. C’est tout près d’eux qu’il habite avec maman, quand ils ne sont pas en tournée dans d’autres contrées de là-bas. Et j’ai