Page:Delarue-Mardrus - Toutoune et son amour.pdf/171

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ce fut à table, pendant le déjeuner, que Toutoune s’aperçut vraiment que, pour sa mère, la vie présentement, ne comptait plus.

Elle avait beau s’appliquer à manger avec distinction, surveiller ses moindres gestes, Mme Villeroy ne s’en aperçut point, pas plus qu’elle n’avait vu les ongles immaculés des petites mains, pas plus qu’elle n’avait remarqué les fleurs disposées sur la nappe en touchantes petites guirlandes.

« Ton père !… » Ce mot revenait constamment.

Le père de Toutoune était lieutenant d’infanterie. Cela valait toujours mieux que d’être soldat. Le père de Toutoune avait un beau moral, mais il était parti triste à cause de sa femme et aussi des graves ennuis laissés derrière lui. Le père de Toutoune devait être à son dépôt déjà. Pourquoi n’avait-il pas écrit ni télégraphié ? Peut-être qu’il y aurait une lettre demain.