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arcs-boutants, sa tour centrale construite par les fées, elle est assez belle encore pour nous couper la respiration, surtout si nous avons soin de la regarder d’abord du jardin dont on l’a dotée.

Nous ne sommes pas des architectes et ne pouvons, ne savons, comme Pierre Chirol, admirer Saint-Ouen en « pièces détachées ».

Nonobstant les retouches qui l’ont abîmé, Saint-Ouen passe pour être un des plus rares spécimens existants du xive siècle religieux, et nous apparaît toujours comme un gigantesque reliquaire où nous ne pénétrons qu’avec émotion.

À l’intérieur, ses piliers font penser à d’immenses paquets de cierges allant de la terre au ciel. Vastes pans d’ombre et lumières frisantes, toute l’église avec ses belles grilles de chœur du xviiie siècle, ses peintures murales ; ses blasons et ses clés de voûte, est baignée de féerie par quatre-vingts miraculeuses fenêtres, grands murs de verre qui dévorent la pierre, rubis, saphirs, émeraudes, topazes et diamants agglutinés, quatre-vingts verrières des xive, xve et xvie siècles, c’est-à-dire trois des belles époques de l’art du