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En Bas

Du reste, un jour viendra, peut-être plus tôt que nous ne le pensons, où les pneus seront à leur tour périmés, quand se terminera l’âge de la roue dont, sans y songer, nous vivons depuis la plus haute antiquité ; car voici que se prépare au ciel l’ère nouvelle de l’hélice et des ailes, ère qui fera si pittoresque dans l’imagination des successeurs, si nostalgique, le va-et-vient terrestre que nous trouvons aujourd’hui tellement naturel.

Parallèlement à ce qui court sur le sol, paquebots et chalands mènent une existence agitée sur la Seine qu’ils encombrent. Un tramway file dans un sens, un remorqueur pressé dans l’autre. Les fumées des bateaux — respiration visible de la marine — ajoutent au mouvement des voitures leur vie effilochée. Toute la ville, avec ces fumées, a l’air de remuer, les maisons de se déplacer. Pas une de ces fumées qui soit de la même nuance que l’autre. Le meuglement d’une sirène parle de la mer. Entre les piles de bois du Nord, les grues en fonctionnement et les arbres du trottoir, on aperçoit en face la rive gauche, autre monde « où personne ne va », ses quais industriels, ses