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Rouen

sorte de tohu-bohu que cette ville présente dans la disposition de ses quartiers.

La Cathédrale, comme on le verra, donne la première l’exemple d’une telle hétérogénéité. Mais, à ne considérer Rouen que si l’on y passe sans s’arrêter à rien, dès qu’on a quitté la longue et rectiligne rue Jeanne-d’Arc (splendeur moderne à laquelle, irrémédiablement, on a sacrifié tant d’émouvants témoins de l’histoire, même une vieille église dont il ne reste que la tour), on est tout de suite frappé par les éléments contradictoires qui, partout, se coudoient sans s’étonner. C’est ainsi que les beaux cafés ou brasseries entourant l’Opéra sont mêlés à des bars à matelots et que, le soir, on croise en même temps d’élégantes bourgeoises et leurs messieurs en smoking sortant du spectacle ou s’y rendant, et de louches individus qui cherchent fortune du côté des enseignes aussi lumineuses qu’explicites dont s’ornent, à proximité, les petites rues réservées à des dames qui le sont fort peu.

Gens du monde et gens du port vont ainsi leur chemin sur le même trottoir, et la paix règne toujours, paraît-il, malgré l’aspect de