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politique se sont déchaînées, doublées, du reste, par celles de la nature.

Incendies sur incendies détruisent d’abord le Rouen de bois, qu’un Rouen de pierre remplace peu à peu, lequel, de guerres en cataclysmes naturels, change à mesure de style, le roman remplacé par le gothique, le gothique transformé par la Renaissance, destructions, juxtapositions et innovations que ravagent les protestants, puis les orages du ciel, puis encore le feu, que remanient le xviie et le xviiie siècle, que la Révolution saccage, et qui subissent enfin les « embellissements » d’une époque imbécile, laquelle, de 1820 à 1880, a détruit plus de merveilles rouennaises que tous les incendies et toutes les batailles (et nous ne sommes pas sûrs que cette ère de crime soit tout à fait close). Enfin, la Grande Guerre a de nouveau vu Rouen, mais pacifiquement cette fois, envahi par les Anglais, et la ville fut peut-être l’une des plus curieuses de la France, pendant cette période où la bigarrure des Alliés transfigurait d’étrange façon la physionomie habituelle de notre pays, — période d’où la capitale normande, par ailleurs, sortit animée d’un essor nouveau.