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encore bien plus incertaines que celle d’Ératosthène. Riccioli fait remarquer avec beaucoup de raison, comme une chose fort suspecte ces distances de 5 000 stades justes que l’on compte entre Rhodes et Alexandrie, Alexandrie et Syenne, Syenne et Méroé ; il n’en faut pas davantage pour montrer que ces trois degrés ne sont que des approximations grossières qui ne valoient pas la peine d’être tant et si longuement discutées. Un degré plus ancien encore est, dit-on, celui dont Aristote fait mention dans son Traité du ciel liv. II, chap. 14 ; mais il est à remarquer que, dans ce passage, Aristote ne dit nullement que la terre ait été mesurée. Ceux des mathématiciens qui essaient d’estimer la grandeur de la terre, disent qu’elle a 400,000  stades de circonférence. Őσοι τὸ μέγεθος άναλογίζευαι ϖειρῶνται… S’exprimeroit-il ainsi s’il vouloit parler d’une mesure effective ? Et le présent ϖειρῶνται, essaient, peut-il s’entendre d’une mesure plus ancienne qu’Aristote ?

Ce que les Arabes ont fait pour la mesure de la terre est encore bien moins précis. Almamoun, nous dit-on, fit assembler ses astronomes dans les plaines de Sinjar. Après y ayoir pris la hauteur du pôle, on ne dit pas comment, ils se séparèrent en deux troupes, et marchèrent les uns vers le midi, les autres vers le nord, mesurant le mieux qu’ils purent la route qu’ils faisoient, observant de temps à autre la hauteur du pôle, jusqu’à ce qu’ils eussent trouvé des deux côtés une différence d’un degré entre leur latitude et celle du point de départ. De cette mesure de deux degrés il résulta une évalua-