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LEÇONS

efforts de l’Océan, et le cours du vent alizé. La rapidité du courant de ces eaux, dans le canal de Bahama, en même tems qu’elle est un fait trop connu pour y insister, devient une preuve de l’élévation de leur source dans le golfe. Au sortir du canal, elles conservent, dans l’Océan, un caractère très-distinct, non-seulement par la vîtesse de leur courant, qui est de quatre à cinq milles à l’heure, c’est-à-dire, plus vif que la Seine, mais encore par leur couleur et par leur température plus chaude de cinq à dix degrés (R.) que celle de l’Océan qu’elles traversent. Cette espèce singulière de fleuve prolonge ainsi toute la côte des États-Unis avec une largeur variable, que l’on estime, terme moyen, à quinze à seize lieues, et il ne perd sa force et ses caractères que vers le grand banc de Terre-Neuve, où il se dilate, comme dans son embouchure, alors dirigée vers le nord-est.

« Il paraît que l’habile navigateur françois DRAKE est le premier qui, dès la fin du seizième siècle, remarqua ses effets, et devina sa cause. Mais l’une des plus curieuses circonstances, celle de la température, lui échappa. Ce ne fut que vers 1776 que le docteur Blagden, faisant des expériences sur la température de l’Océan à diverses profondeurs, trouva que vers le 31° de latitude nord, à la hauteur du cap Féar, le thermomètre plongé dans l’eau, après avoir marqué 72° Farenh ( R.) vint tout-à-coup à marquer 78° F. ( R.), continua tel pendant plusieurs milles, et ensuite baissa graduellement à , puis à R., en s’approchant de la côte, quand la sonde prit fond, et que l’eau devint olivâtre. Ce phénomène, alors nouveau, fit sensation en Angleterre et Franklin, qui, la même année, venait en Europe, et faisait les mêmes observations, lui donna encore plus de célébrité. Son neveu et compagnon de voyage, M. Jonathan Williams, a continué et multiplié les recherches sur ce sujet, et