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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

de dix-neuf ans, appelée Marie, est venue le matin chez moi pour poser.

Je fus voir le soir Henri Hugues. J’ai lu avec lui la prise de Constantinople, admiré l’héroïque courage de l’empereur Constantin dernier.

— Le mercredi, lendemain, j’ai eu mes amis le soir. Nous avons bu eau-de-vie brûlée et vin chaud.

— Je veux faire, pour la Société des Amis des arts, Milton soigné par ses filles[1].

— J’ai dîné dimanche, avant-hier, chez M. de Conflans, que j’avais été consulter quelques jours avant ; je m’y suis amusé. Nous avons chanté la partition des Nozze.

— J’ai acheté Don Juan. J’ai repris mon violon.

— Je me laisse toujours aller à changer de couleur ; je n’ai pas non plus le sang-froid nécessaire. Je souffre pour le modèle ; je n’observe pas assez avant de rendre.

Dimanche 27 octobre. — Mon cher *** est de retour : je l’ai embrassé aujourd’hui ; le premier moment a été tout au bonheur de le revoir. J’ai senti ensuite un serrement pénible. Comme je me disposais à le faire monter dans ma chambre, je me suis souvenu d’une maudite lettre dont l’écriture eût pu être reconnue… J’ai hésité… Cela a déchiqueté le plaisir

  1. Ce tableau fut, en effet, exposé à la Société des Amis des arts et au Salon de 1827. Il fut acheté par le duc de Fitz-James et passa en Angleterre. (Voir le Catalogue Robaut.)