Page:Delacroix - Journal, t. 1, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/514

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
438
JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Elle m’a lu les extraits de ses lectures ; il y avait entre autres cette pensée de l’Adolphe de Benjamin Constant : « L’indépendance a pour compagnon l’isolement. » C’est autrement dit, mais c’est le sens.

Lundi 6 mai. — Travaillé ce jour, hier et avant-hier au comte Ugolin.

— Ce matin est venu le nommé Hubert, pépiniériste, me réclamer, au bout de deux ans et demi, le payement d’une note d’arbres fruitiers et autres, que je lui ai payée en octobre 1847. J’ai trouvé heureusement le reçu. Il n’osera pas probablement revenir.

J’ai remarqué plus d’une fois combien des actes d’une immoralité profonde étaient traités doucement par notre Code athée. Je me rappelle le fait que j’ai lu, il y a un an ou deux, d’un malheureux qui, ayant porté plainte contre sa femme, laquelle vivait authentiquement en concubinage avec son propre fils, avait été mis, lui le père et l’époux, à la porte de son domicile commun… ; la femme n’a été condamnée qu’à un mois ou deux de prison.

Mardi 7 mai. — Je n’ai pas mis le pied dehors de toute la journée, malgré le projet d’aller à Fromont.

Je me suis occupé de rechercher à mettre au net la composition de Samson et Dalila. Quoique cela ne m’ait pris que peu de temps et dans la matinée seulement, je ne me suis pas ennuyé.