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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

nous a parlé que d’acres de terre, de réparations, de murs, ou des querelles du conseil municipal. Il en résulte que la plupart du temps je demeure muet et consterné. Les repas surtout, où l’on s’épanche d’ordinaire, sont à la glace. Sont-ils heureux ainsi ?

Promenade avec Bornot à Angerville, dans le char à bancs. On a coupé la plupart des sapins qui étaient aux environs de l’église. Hélas ! ces lieux ont encore moins changé que les personnes que j’y ai vues.

Revenus par Boudeville, et visité la petite église, Touché extrêmement de cet endroit : le presbytère est charmant… Je parlais à Bornot de la condition tranquille du curé d’un lieu pareil. Mes considérations ne le touchent pas, et au retour il est retombé dans les acres de terre, les herbages, etc.

En redescendant par le chemin creux qui borde son bois, il m’a montré ses améliorations : défrichements, four à briques, etc.

Nous sommes repassés devant le cimetière : je n’ai pu m’empêcher de penser à la petite place qu’occupe le bon Bataille… J’étais muet, triste, gelé ; mais pas le moindre sentiment d’envie.

Dimanche 21 octobre. — Perdu la journée. Nous devions aller à Fécamp. À peine hors de Valmont, une petite pluie fine a découragé le cousin, qui n’avait peut-être pas grande envie d’y aller.

Nous sommes rentrés, et je me suis mis à faire ma malle.