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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

dans une galerie longtemps après l’avoir oublié, m’ait fait autant de plaisir. Malheureusement une des parties les plus intéressantes, la plus intéressante peut-être, était cachée, c’est-à-dire la femme aux genoux de l’Empereur… Ce que j’ai pu en voir m’a paru d’une vigueur et d’une profondeur qui éteignaient sans exception tout ce qui était alentour. Chose singulière ! le tableau paraît brillant, quoiqu’en général le ton soit sombre.

— Parti à huit heures au lieu de sept ; j’ai fort pesté de n’avoir retardé mon départ que pour ne pas partir à sept heures et d’arriver sottement, pour ne pas m’être informé, une heure plus tôt qu’il ne fallait. Du reste, placé comme je désirais, la route m’a semblé charmante. La forêt de Saint-Germain, à partir de Maisons, occupe les deux côtés de la route. Il y a là des clairières, des allées couvertes, etc., dont l’aspect est délicieux.

Arrivé à Rouen à midi et demi. Ces tunnels sont bien dangereux. Je passe sur l’immense danger ; ils ont encore l’ennui de couper la route sottement. Déjeuné fort bien à l’Hôtel de France, où je me suis trouvé avec plaisir, en pensant au premier voyage que j’ai fait dans ce pays.

Vers trois heures au Musée ; j’ai eu le désappointement dont je viens de parler. J’ai remarqué pour la première fois deux ou trois tableaux de Lucas de Leyde, ou dans son genre, qui m’ont charmé. Grande délicatesse dans l’expression des détails qui