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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

Mézy. On était inquiet de la crise qui commençait[1].

J’ai remarqué les gros pieds et les grosses mains de Meyerbeer.

— Un de ces jours-ci, vu Mme Sand, venue du Berry pour affaires. J’ai été la voir chez Mme Viardot[2], au milieu du jour, et elle a désiré venir voir mes fleurs qui lui ont fait plaisir.

Jeudi 17 mai, Ascension. — A Passy. Vu M. de Rémusat chez M. Delessert. Parlé des affaires du temps.

M. de Vallon m’a fait promettre d’aller le voir en Limousin, si je vais aux Pyrénées.

Entré à l’église de Chaillot. Admiré la pauvreté de deux ou trois tableaux de l’École de David qui y sont, entre autres une Adoration des Rois. Le Saint Joseph est assis sans façon, les pieds pendants et dans l’attitude d’un fumeur dans une tabagie. Le peintre n’a pas senti à quel point les maîtres ont rempli ce personnage d’une sainte abnégation. Il est le principe du tableau… Je passe sur mille impertinences.

Chez Chopin, en sortant ; il allait véritablement un peu mieux. Mme Kalerji y est venue.

Retourné avec M. Herbaut.

  1. L’Assemblée constituante devait en effet se dissoudre pour céder la place à l’Assemblée législative à la fin du mois de mai 1849.
  2. La célèbre cantatrice, chez laquelle Delacroix fréquentait assidûment, ne contribua pas peu à l’éducation musicale du maître. Elle fit naître et développa en lui l’amour de la musique de Glück, et l’on verra dans la suite du Journal quelle admiration le peintre ressentit pour le talent de cette grande artiste.