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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.
dans le style l’abandon familier ou cynique de la conversation (le style de Michelet, les mots de polisson, etc.) est blâmable à plus d’un titre, car elle dénote chez l’auteur qui se la permet non moins de prétention que d’impuissance. Il se propose en effet de trancher sur les autres écrivains par l’audace de ses expressions, la bigarrure de ses couleurs, l’allure débraillée de ses phrases ; et pourquoi ne pas prouver plutôt la force, en acceptant toutes les conditions, en se jouant en maître de toutes les difficultés de l’art d’écrire ? C’est dans l’accord des qualités individuelles avec les lois générales du beau et du bon, qu’éclate la véritable originalité. »

(Lerminier, Sur Michelet, Lamartine. — Revue des Deux Mondes, 15 juin 1847.)

17 juin. — Dîné chez Leblond avec Halévy, Adam, Duponchel, Garcia, Guasco, etc. Halévy m’invite pour mercredi.

20 juin. — Chez Boissard. Reprise de la musique.

Roberetti n’étant pas d’abord arrivé, trio de Beethoven. Puis Mozart a fait tous les frais jusqu’à la fin. Je l’ai trouvé plus varié, plus sublime, plus plein de ressources que jamais.

J’ai beaucoup remarqué, en présence du tableau de Boissard représentant un Christ, le dessus de porte de son atelier. Ces peintures, quoique médiocres, sont une excellente leçon, que je lui appliquais à l’instant même, de ce principe, qui veut