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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

toute la vie. On a droit de s’étonner en voyant une foule de gens stupides ou au moins médiocres, qui ne semblent vivre que pour végéter, que Dieu ait donné à ses créatures la raison, la faculté d’imaginer, de comparer, de combiner, etc., pour produire si peu de fruits. La paresse, l’ignorance, la situation où le hasard les jette, changent presque tous les hommes en instruments passifs des circonstances. Nous ne connaissons jamais ce que nous pouvons obtenir de nous-mêmes. La paresse est sans doute le plus grand ennemi du développement de nos facultés. Le Connais-toi toi-même serait donc l’axiome fondamental de toute société, où chacun de ses membres ferait exactement son rôle et le remplirait dans toute son étendue.

13 juin. — Mannequin à 350 francs, chez Lefranc, rue du Four-Sakit-Germain, 23.

— Dîné avec Villot et Pierret.

— Chez Villot vers trois heures et retouché le cuivre des Arabes d’Oran[1].

14 juin. — Travaillé à la Chambre. Ébauché le groupe des Barbares du devant[2].

15 juin. — À Neuilly. Revenu avec Laurent Jan.

« … Une pareille manière d’écrire qui transporte
  1. Voir Catalogue Robaut, no 462.
  2. Hémicycle d’Attila, partie de droite.