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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

une partie de la soirée : il m’a conté que Scheffer avait réuni les membres de la future société et s’était prononcé pour un système tellement exclusif, que peu s’en est fallu qu’il n’exclût tout le monde. Il a consterné l’auditoire.

Riesener me parle toujours de ses projets admirables de travail et de procédés propres à les faciliter.

8 février. — Excellente journée.

J’ai débuté par aller voir, rue Taranne, le tableau de Saint Just, de Rubens ; admirable peinture. Les deux figures des assistants, de son gros dessin, mais d’une franchise de clair-obscur et de couleur qui n’appartient qu’à l’homme qui ne cherche pas, et qui a mis sous les pieds les folles recherches et les exigences plus sottes encore.

Puis à la Chambre des députés. Travaillé à la femme portant le petit enfant, et l’enfant par terre ; puis à l’homme couché au-dessus du Centaure[1] ; je crois que j’ai fort avancé. Séance très longue. Revenu sans fatigue.

Pour compléter la journée, j’apprends en rentrant que Mme Sand est de retour et me l’a envoyé dire. Je suis heureux de la revoir.

Resté chez moi le soir ; j’ai eu tort. La journée du lendemain s’en est ressentie. J’aurais dû faire quelques pas dehors. L’air seul contribue peut-être à

  1. Grand hémicycle d’Orphée.