Page:Delacroix - Journal, t. 1, éd. Flat et Piot, 2e éd.djvu/329

Cette page a été validée par deux contributeurs.
253
JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

— Revenu avec Petetin[1], qui m’a parlé économie et placement d’argent. Il m’a dit qu’il est surprenant combien en peu de temps avec ces deux moyens, bien entendus, on peut augmenter sa fortune.

29 janvier. — Fatigué de ma soirée d’hier. Leleux et Hédouin[2] sont venus me voir.

Il est probable qu’en faisant souvent sans modèle, quelque heureuse que soit la conception, on n’arrive pas à ces effets frappants qui sont obtenus simplement dans les grands maîtres, uniquement parce qu’ils ont rendu naïvement un effet de la nature, même ordinaire. Au reste, ce sera toujours l’écueil ; les effets à la Prudhon, à la Corrège, ne seront jamais ceux à la Rubens, par exemple. Dans le petit saint Martin, de Van Dyck, copié par Géricault, la composition est très ordinaire, cependant l’effet de ce cheval et de ce cavalier est immense. Il est très probable que cet effet est dû à ce que le motif a été vu sur nature par l’artiste. Mon petit Grec (le Comte Palatiano) a le même accent[3].

On pourrait dire que, par le procédé contraire, on arrive à des effets plus tendres et plus pénétrants, s’ils n’ont pas cet air frappant et magistral qui emporte

  1. Anselme Petetin, administrateur et publiciste. Il fut successivement préfet et directeur de l’Imprimerie nationale.
  2. Edmond Hédouin, peintre et graveur, élève de Célestin Nanteuil et de Paul Delaroche. Il s’est surtout consacré au paysage et aux sujets de genre. Il fut chargé d’exécuter les peintures décoratives dans la galerie des fêtes au Palais-Royal.
  3. Voir le Catalogue Robaut, no 170.