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JOURNAL D’EUGÈNE DELACROIX.

une d’elles a reçu un coup de corne de l’antilope ; embarras pour empêcher le sang de couler.

Sorti vers une heure. La porte de la ville au delà de la mosquée en sortant de la maison. Autre porte dans la rue.

Enfant avec des fleurs au bout de sa natte de cheveux.

Arrivé dans le marché, dans le passage obscur. Musulmans accroupis, éclairés vivement. Homme dans sa boutique, cannes derrière, couteau pendu.

Homme assis à gauche, cafetan orange, haïjck en désordre, qu’il rajustait. Noir nu et rajustant son haïjck.

Vue de la mosquée. Campagne, parties de murs peintes en jaune ; le bas en général est blanc, très propre à détacher les figures. — Petite mosquée peinte en jaune.

Chez le Juif qui m’a conduit sur les terrasses[1].

Femme assise brodant un habit de femme chez le chef des Juifs ; très vives couleurs de robes à la figure se détachant sur le mur blanc, l’enfant auprès.

  1. Delacroix avait senti que toute la poésie intime, tout le charme mystérieux de l’existence orientale résidait dans ces deux parties de la maison moresque : le patio ou cour intérieure et la terrasse : aussi s’efforçait-il, malgré les difficultés que crée la jalousie des musulmans, d’y pénétrer pour y peindre : « J’ai passé la plupart du temps dans un ennui extrême, écrit-il de Méquinez le 2 avril, à cause qu’il m’était impossible de dessiner ostensiblement d’après nature, même une masure. Même de marcher sur la terrasse, vous expose à des pierres ou à des coups de fusil. La jalousie des Mores est extrême, et c’est sur les terrasses que les femmes vont ordinairement prendre le frais ou se voir entre elles. » (Corresp., t. I, p. 185.)